chut

Le silence est d’or, ou la richesse des pauses

Trop souvent, les présentateurs, même aguerris, parlent d’un flot ininterrompu. C’est une grave erreur ! Non seulement ils ne prennent pas le temps de respirer, ce qui est toujours dangereux, mais ils empêchent aussi l’auditoire de réfléchir et d’absorber ce qu’ils viennent de dire.

Chaque fois que vous prenez la parole, l’utilisation des pauses à bon escient augmente votre pouvoir de conviction. Voici comment profiter de cet outil sous-utilisé, mais très puissant pour une prise de parole efficace.

Arrêtez de gaver votre auditoire !

Vous savez ce qui arrive lorsqu’on gave une oie ? L’animal nourri de force n’a pas le temps de digérer et fait une cirrhose du foie…   L’auditoire que l’on gave d’information, sans lui laisser le temps pour digérer le tout est également à haut risque de faire une cirrhose du cerveau. Évidemment, trop poli pour s’en plaindre, il fermera simplement ses récepteurs… Vous aurez donc un public présent physiquement, mais qui n’absorbera plus l’information que vous voulez transmettre.

Les recherches en neurologie démontrent que notre mémoire à court terme ne peut emmagasiner l’information que pendant une période de 30 secondes à la fois. Si vous parlez sans faire un minimum de pause entre vos phrases, vous affectez donc négativement la compréhension qu’on aura de votre propos.

Peu importe que vous prononciez un discours ou que vous fassiez une présentation, c’est un exercice qui se joue à deux : vous parlez, l’auditoire écoute. C’est un échange constant entre ce que vous dites et ce que l’auditoire comprend et retient. Vous voulez qu’on vous écoute avec intérêt et qu’on retienne ce que vous dites ? Que votre public soit engagé et attentif ? Laissez-lui du temps pour participer à cet échange. C’est uniquement pendant vos pauses que votre auditoire pourra réfléchir et réagir _ silencieusement ou bruyamment _ à vos propos.

Une pause bénéfique pour vous

Qui n’a pas déjà été agacé par un orateur qui multiplie les Heuuu… Pourtant, ces tics nerveux ne sont que des pauses… avec du bruit ! Pour corriger ce problème, il faut d’abord en prendre conscience. Lorsque vous préparez une présentation, filmez-vous. Vous remarquerez rapidement si ça vous concerne. Si c’est le cas, à partir du moment où vous l’aurez réalisé, avec un peu de pratique, vous vous habituerez à faire vos pauses, en silence…

Pendant une présentation ou un discours, se tenir debout en silence en regardant l’auditoire, c’est démontrer avec calme son assurance et sa confiance en soi. Chaque fois que vous faites une pause tout en maintenant le contact visuel avec ceux qui vous écoutent, vous démontrez votre conviction dans ce que vous venez de dire et vous assoyez votre crédibilité. À l’inverse, dites quelque chose d’important et passez immédiatement à un autre élément, sans vous arrêter, vous donnerez l’impression de vouloir noyer le poisson !

Lorsque vous prenez la parole, prenez l’habitude de multiplier les pauses silencieuses dans votre propos tout en regardant votre auditoire. Vous ressortirez gagnant !

Jouer avec les silences

Quelles que soient les circonstances qui vous amènent à prendre la parole, vous devrez multiplier les pauses dont la durée pourra varier selon le besoin. Comme dans une partition de musique, elles donneront le rythme à votre présentation pour mieux faire ressortir les éléments du contenu.

En fait, lorsqu’on prend la parole, on peut assimiler les pauses avec l’utilisation des espaces dans un roman : une ou deux lignes entre chaque paragraphe, une fin de page entre chaque chapitre, une page complète entre chaque section.

Par exemple, dans une énumération, si vous voulez qu’on se rappelle les différents éléments de votre énumération, vous ferez une brève pause entre chacun.

Une bonne façon faire participer l’auditoire dans une présentation est de l’interpeller en posant une question. C’est un truc bien connu des humoristes habitués à faire des one-man-shows. Mais de grâce, laissez une seconde pour répondre… même si ça n’est que silencieusement !

D’autres pauses gagneront à être plus longues. Par exemple, après votre introduction, avant d’entrer dans le vif du sujet, vous marquerez une pause prolongée. Faites de même entre chaque grande section de votre présentation et avant d’aborder votre conclusion. Ces pauses permettront à ceux qui vous écoutent de bien comprendre la structure et le flot de vos idées.

Si vous êtes mal à l’aise à l’idée de rester là sans rien dire à la fin de chaque partie de votre présentation, vous pourrez faire une pause, demander à l’auditoire « Ça va ? Vous me suivez ? », faire une autre pause, et annoncer que vous passez maintenant au point suivant. Cet arrêt de quelques secondes _ 2 ou 3 secondes _ leur permettra d’intégrer ce que vous venez de dire et de se préparer pour la suite. Vous pouvez aussi en profiter pour prendre une gorgée d’eau ; une façon facile de tourner la page pour aborder un nouveau chapitre.

Misez sur la puissance des silences : créez un effet de toge

Même si vous ne vous arrêtez que quelques secondes, vous aurez sans doute l’impression que la pause était très longue, et même trop longue. Rassurez-vous ! L’adrénaline sécrétée naturellement par le corps lorsque vient le temps de parler devant un auditoire altère la perception du temps. N’ayez pas peur. Vos pauses ne seront jamais trop longues.

Puis comme un acteur vous apprendrez à doser ces silences pour les jouer à votre avantage. Vous réaliserez que c’est un moyen efficace pour intensifier un effet dramatique lorsque vous donnez une statistique surprenante ou pour laisser planer une menace. Vous révélerez une information cruciale et lui donnerez toute son importance grâce à une pause. Vous remarquerez aussi que c’est une bonne façon de susciter de l’anticipation quant à ce qui suit.

Finalement, faire des pauses, ça équivaut à offrir un bel encadrement à chacun des éléments importants de votre contenu. Profitez-en !